L‘allaitement et la reprise du travail ne font généralement pas bon ménage, car il s’agit de la première cause d’arrêt précoce de l’allaitement…
Pourtant, c’est possible de travailler et d’allaiter son bébé en même temps !
Alors, comment concilier les 2 ?
Aujourd’hui, j’ai le plaisir de vous partager l’interview exclusive de Véronique Darmangeat, consultante en lactation, fondatrice du cabinet Lactissima et du blog A tire d’Ailes. Elle fait également des vidéos pour la Maison des Maternelles. Alors, je suis certaine que vous la connaissez déjà 😉
Voici ce que vous allez découvrir dans cette interview :
- Comment expliquer que si peu de femmes continues d’allaiter leur bébé ?
- Que pouvez-vous dire à ces mamans qui se découragent avant d’essayer ou qui hésitent à allaiter tout en travaillant ?
- Les avantages pour les mamans de continuer à allaiter ;
- Est-ce moins fatiguant d’allaiter que de donner le biberon ?
- Les avantages pour le bébé ;
- Et si une maman ne souhaite pas tirer son lait, quelles sont les options ?
- Faut-il proposer une alternative aux seins avant la reprise du travail ?
- Et si le bébé refuse de prendre autre chose que le sein ?
- Que pensez-vous du risque de confusion sein-tétine ?
- Un dernier petit mot pour les mamans…
Alors, êtes-vous prête à rentrer dans le vif du sujet ? Vous êtes à un clic de découvrir du contenu exclusif 🙂
Vidéo – allaitement et reprise du travail
Retranscription – Allaitement et reprise du travail
Bonjour, c’est Sophie. Bienvenue dans cette vidéo.
Aujourd’hui, j’ai le plaisir d’interviewer Véronique Darmangeat.
Vous la connaissez certainement ! Elle est consultante en lactation et elle fait également des vidéos dans la Maison des Maternelles.
Elle est aussi auteure de 3 livres :
- « Ma Bible de l’allaitement »
- « Allaiter et reprendre le travail »
- « Cas clinique d’une consultante en lactation »
L’allaitement et la reprise du travail : c’est le sujet que nous allons abordé aujourd’hui 🙂
Sophie : Bonjour Véronique.
Véronique Darmangeat : Bonjour
Sophie : Merci d’avoir accepté pour l’interview. On se retrouve aujourd’hui donc pour parler d’une thématique sur l’allaitement.
Nous allons parler notamment de l’allaitement et de la reprise du travail, car c’est la raison principale d’arrêt précoce de l’allaitement. Pourtant de plus en plus de femmes ont conscience qu’il est possible de travailler et d’allaiter leur bébé en même temps.
Est-ce que vous pouvez expliquer cela ?
Véronique Darmangeat : Alors, je pense, que même si il y a beaucoup de femmes qui savent qu’on peut allaiter et travailler en même temps, il y a beaucoup de femmes qui pensent que pour pouvoir le faire il faut forcément tirer son lait au travail.
Elles pensent donc que c’est compliqué, que ça va prendre du temps, que ça ne va pas forcément être faisable au travail… Et du coup, il y a beaucoup de femmes qui se découragent avant même d’avoir essayé en fait !
Sophie : Qu’ est-ce que vous pouvez dire à ces mamans justement se découragent avant d’essayer ou qui hésitent à allaiter tout en travaillant ?
Véronique Darmangeat : ben déjà qu’il y a le choix ! On n’est pas absolument obligé de tirer son lait au travail.
Ça peut être le choix de certaines femmes, mais ce n’est pas obligatoire. Il y a des mamans qui vont poursuivre l’allaitement en faisant un allaitement mixte. D’autres vont poursuivre leur allaitement en tirant leur lait à la maison, mais pas au travail.
Il y a des mamans qui vont garder un nombre de tétées et d’autres qui vont continuer à allaiter à la demande quand leur bébé est là.
Il y a plein de choix possible !
Et même si on veut tirer son lait au travail, il y a plusieurs façons de le faire. Il y a plusieurs manières de prendre ses pauses tire-lait. On n’est pas enfermé dans un cadre.
Sophie : est-ce que vous pouvez expliquer les avantages pour les mamans de continuer à allaiter en reprenant le travail ?
Véronique Darmangeat : en fait, c’est à chaque femme de trouver ce qui lui convient le mieux. Donc les avantages dans l’absolu…Oui, il y en a… Mais ce n’est pas tellement ça qui m’intéresse !
Ce qui m’intéresse, c’est que la maman puisse vivre ce qui lui convient à elle.
Et il y a beaucoup de femmes qui disent qu’elles ont à peine eu le temps de mettre l’allaitement bien en place et elles reprennent déjà le travail.
Et que donc c’est dommage d’arrêter à ce moment-là alors qu’enfin ça se passe bien ! Ça c’est une première chose.
Il y a beaucoup de femmes quand elles reprennent le travail qui apprécient énormément de pouvoir allaiter leur bébé parce qu’elles ont l’impression de continuer à faire le mieux même si elles ne sont pas avec lui en permanence et puis quand elle le retrouve, elles disent en général que les tétées de retrouvailles, ce sont les meilleures tétées et que c’est le moment le plus sympa avec son bébé.
Et puis il y a des mamans pour qui tout simplement, ça demande moins de boulot d’allaiter que de devoir préparer des biberon aussi tout simplement.
Sophie : donc c’est moins fatiguant d’allaiter que de donner le biberon ?
Véronique Darmangeat : ça dépend comment on le vit. Ça dépend du rythme de tétées d’un bébé ça dépend de pleins de facteurs. On ne peut pas en faire une généralité.
il y a fort longtemps, j’avais fait une étude là-dessus pour voir si c’était plus facile pour les femmes qui allaitaient de concilier vie familiale et vie professionnelle. Et souvent, les mamans décrivaient…
On avait interrogé plein de femmes qui allaitaient, qui n’allaitaient pas, qui tiraient leur lait, qui ne tiraient pas leur lait…
Et les femmes qui continuaient l’allaitement à la reprise du travail n’étaient pas plus fatiguées que les autres en tout cas !
Sophie : il y a quand même une idée reçue sur l’allaitement et la reprise du travail, comme quoi ça fatigue plus justement…
Véronique Darmangeat : ben allaiter, fabriquer du lait en soit ce n’est pas fatiguant. C’est comme si on vous disait que fabriquer du sang c’est fatiguant, que fabrique fabriquer de l’urine c’est fatiguant ou que fabriquer de la lymphe c’est fatiguant…
Non fabriquer du lait ce n’est pas plus fatiguant que ça. Ce qui est fatiguant, c’est d’avoir un bébé de toute façon.
Et pour toutes les femmes.
Car celles qui n’allaitent pas, elles sont fatiguées aussi. Parce qu’avoir un nouveau-né, c’est fatiguant !
Et puis l’autre chose qui est fatigante, c’est de reprendre le travail quand on n’a pas travaillé depuis plusieurs mois.
Vous prenez n’importe qui, qui n’a pas de bébé qui n’a pas travaillé depuis 3 mois et qui reprend le travail, il est fatigué. C’est juste normal. Et donc les mamans qui ont un travail, déjà elles reprennent le travail et en plus, elles ont un bébé.
Donc c’est une double dose de fatigue ! Mais pour toutes les mamans qu’elles allaitent ou qu’elles allaitent pas.
Sophie : oui et de plus, elles doivent s’adapter à ce nouveau rythme.
Véronique Darmangeat : oui bien sûr et puis le bébé lui aussi doit s’adapter à un nouveau rythme.
Sophie : tout à fait. Est ce que vous pouvez expliquer les avantages pour le bébé ?
Véronique Darmangeat : alors moi pour le bébé, je réfléchis jamais en terme d’avantages.
Pour le bébé, c’est juste normal d’être allaité, c’est la norme de l’espèce humaine et c’est juste normal pour lui de pouvoir bénéficier du lait de sa maman.
Donc ce n’est pas en terme d’ avantages. C’est juste ce pourquoi l’allaitement est prévu.
Le bébé est prévu pour manger du lait de sa maman.
Après que ce soit un choix qu’on puisse faire ou ne pas faire, c’est une autre question et c’est à chaque famille de faire les choix qu’il leur conviennent le mieux.
Mais je ne considère pas qu’il y a des avantages à allaiter un enfant, il y a que des inconvénients à ne pas le faire.
Sophie : D’accord. Donc vous parliez de 3 options qui se présentent aux mamans pour continuer à allaiter en travaillant.
La première étant d’allaiter son bébé quand on est avec lui, la seconde d’allaiter sur le lieu d’accueil et enfin d’allaiter et de tirer son lait.
Que pouvez-vous dire à une maman qui ne souhaite pas tirer son lait ?
Véronique Darmangeat : alors effectivement elle peut continuer à allaiter même si elle choisit de ne pas tirer son lait.
Le principe pour que ça marche, c’est vraiment d’allaiter à la demande quand elle est avec son enfant, y comprit les jours où elle ne travaille pas, il faut allaiter toute la journée.
Parce que du coup pour le maintien de la lactation, c’est ce qui va fonctionner le mieux. Et puis le bébé, en fonction de son âge, si c’est un petit de moins de 6 mois, il aura une préparation pour nourrisson quand sa maman n’est pas là.
Mais si la maman continue à l’allaiter à la demande quand elle est avec lui, il y a pas de raison que ça ne marche pas.
En général, ça fonctionne très bien !
La seule chose, c’est qu’au début il faut faire attention à ne pas faire d’engorgement au travail parce que les seins ne sont pas encore habitué à ce rythme-là.
Mais en général, ils s’habituent et on y arrive.
Alors, il y a aussi des mamans qui ne veulent pas tirer leur lait, mais qui ont la possibilité par exemple, si bébé est dans une crèche d’entreprise, de dire à la crèche « Vous m’appeler quand il veut manger ».
Ce n’est pas le plus courant, mais ça existe.
Et puis, il y a aussi des mamans qui reprennent leur travail avec leur bébé. En ce moment, j’en ai plein plein plein…
Ce sont des mamans en télétravail et donc même si le bébé est gardé, parfois il est gardé à la maison et donc la personne qui s’occupe du bébé l’amène à la maman pour les tétées.
En ce moment j’en ai vraiment beaucoup des mamans qui font ça.
Sophie : c’est plus pratique d’avoir le bébé à proximité. Et donc est-ce qu’il faut commencer à proposer une alternative aux seins avant la reprise du travail ?
Véronique Darmangeat : ce n’est pas une obligation du tout et je dirais même qu’il y a énormément d’enfants quand on leur propose de prendre autre chose que le sein alors que maman est là, ils ne comprennent absolument pas ce qu’on leur demain !
C’est quoi cette histoire ? » J’ai le sein de maman a porté de bouche et on me demande de prendre un biberon, une tasse ou je ne sais pas quoi… »
Et donc énormément, il y a d’enfants qui ne sont pas d’accord tout simplement parce qu’ils ne voient pas l’intérêt du tout.
Alors que quand la maman est réellement absente, ils comprennent très vite que s’ils veulent manger, il va falloir manger autrement.
Et donc, ils vont accepter beaucoup plus facilement de prendre autre chose quand maman n’est pas là… Réellement pas là… Pas en faisant semblant de ne pas être là car ça ne marche pas du tout !
Ca va dépendre aussi des parents, il y a des parents qui le vivent très bien de se dire » On verra quand maman ne sera pas là, il va apprendre. «
Et puis si la personne qui s’occupe du bébé est zen, en général ça se passe bien, mais il y a des parents pour qui c’est juste inenvisageable. Cela les stressent beaucoup trop de ne pas savoir ce que bébé va manger, comment il va manger, comment il va se débrouiller…
Donc il y a des parents qui choisissent d’habituer le bébé avant et il y a des bébés qui sont d’accord, il y a des bébés avec qui ça se passe bien et puis il y a des bébés qui ne sont absolument pas d’accord.
Donc ça va dépendre un petit peu des famille.
Sophie : D’accord. Et donc ça ne risque pas de perturber l’enfant ?
Véronique Darmangeat : ce qui perturbe le plus un bébé, c’est de ne plus être avec sa maman, c’est ça le plus bizarre, ce n’est pas forcément de ne plus de manger avec un biberon avec une tasse ou autre chose.
Ce qui le perturbe le plus, c’est que maman n’est pas là !
Alors pour un petit, c’est plutôt logique : si maman est là, je tète, si maman n’est pas là, je dois manger autrement.
C’est logique. Alors que si maman est là et qu’il doit manger autrement, ça c’est bizarre pour beaucoup de bébé…
Sophie : est-ce que ça arrive de temps en temps que des bébés fassent des grèves de la tétée lorsqu’ils sont gardés ?
Véronique Darmangeat : des bébés qui refusent de manger en journée quand ils sont gardés, oui c’est très courant ou départ !
C’est très courant et ce n’est pas inquiétant.
Un enfant qui ne mange pas de la journée, ce n’est pas plus inquiétant enfant qu’un enfant qui ne mange pas de la nuit.
Sauf qu’un enfant qui ne mange pas de la nuit. On espère, et on est très heureux qu’il ne mange pas de la nuit !
Mais ça ne nous inquiète pas.
Eh bien un enfant qui ne mange pas de la journée, ce n’est pas plus inquiétant.
Il va récupérer, il va se rattraper quand la maman va revenir. C’est très courant d’avoir des bébés qui au début ne veulent pas manger.
La plupart des bébés, une fois qu’ils ont compris que la maman n’est pas là, ils trouvent un autre moyen de manger, ce n’est pas toujours celui qu’on avait prévu.
Il faut accepter aussi que l’enfant fasse ses choix à lui. Et c’est très rare qu’un enfant persiste à ne pas manger lorsque la maman n’est pas là…
Ca existe, mais ce n’est pas ce qu’il y a de plus courant.
Sophie : qu’est-ce que vous pensez du risque de confusion sein/tétine ?
Véronique Darmangeat : alors j’ai une position qui ne plaît pas à tout le monde sur ce sujet-là.
Sophie : c’est un sujet un peu délicat.
Véronique Darmangeat : ce que je sais, c’est que la plupart des enfants qui ont une bonne succion, ils ne font pas de confusion sein/tétine.
C’est juste que parfois, ils se mettent à préférer le biberon. Parce que ça leur demande moins d’effort, parce qu’ils ont l’habitude de le prendre de plus en plus souvent…
Mais ça ce n’est pas une confusion. Ils ne font pas du tout une confusion, car ils savent très bien que ce n’est pas la même chose. Simplement, ils peuvent préférer.
Le vrai risque d’un enfant qui ne sache plus téter au sein après avoir pris des biberons. C’est plutôt les bébés qui ont déjà un problème de succion, déjà un problème pour placer leur langue correctement et avec le biberon, c’est pire.
Donc, je pense qu’il faut pas tout mettre le même chapeau.
On peut avoir des bébés qui effectivement sont confus. Ce n’est pas la majorité. Et puis, on a des bébés, qui préfèrent le biberon. C’est un risque effectivement.
Sophie : lors de la reprise du travail, il faut que la maman ait bien conscience de ce risque.
Véronique Darmangeat : Oui, mais en même temps vous savez très bien que la majorité des modes de garde, ne vont pas accepter de donner autre chose qu’un biberon.
C’est rare de trouver une crèche qui accepte de nourrir un bébé avec un DAL au doigt.
Dans l’immense majorité des cas, que ce soit des crèches ou des assistantes maternelle, elles ne veulent pas donner autre chose qu’un biberon.
Donc si la maman reprend le travail de toute façon, oui ce risque existe, il est inhérent en l’absence de maman en fait.
Sophie : Est-ce que vous avez un petit mot à dire aux mamans ?
Véronique Darmangeat : Faîtes ce qui vous convient, faîtes ce qui vous convient à vous, ce qui est la bonne solution pour votre famille.
Il n’y a pas une bonne solution. Il y a une bonne solution pour chaque famille.
Et personne n’a a vous dire, que ce que vous faites est bien ou pas bien.
Sophie : Merci beaucoup. Nous arrivons sur la fin de l’interview. Est-ce que vous voulez ajouter autre chose ?
Véronique Darmangeat : non ça va aller.
Sophie : Merci à vous de m’avoir accordé de votre temps. À bientôt
Et pour vous, comment s’est passé l’allaitement et la reprise du travail ?
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J’en serai ravie 🙂
Je vous souhaite un bel épanouissement dans votre rôle de maman,
À très bientôt,
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