Bonjour à toi 🙂 Si tu es ici c’est sans doute que tu as vu émerger le sujet des violences gynécologiques et obstétricales.
Tu dois peut-être te poser des questions sur ce sujet important et si c’est le cas tu es au bon endroit !
Avant toute chose, cet article n’a absolument pas pour but de t’effrayer, au contraire je suis là pour te rassurer et te sensibiliser.
Il est important d’être au courant de ce type de problèmes et d’avoir les bons outils pour réagir.
Sache que dans la plupart des cas le personnel dans ce corps de métier est à l’écoute de tes besoins et de tes envies.
Mais des remarques aux violences, il est nécessaire de reconnaître, prévenir et condamner ces actes.
Continue donc ta lecture pour savoir comment réagir si tu as été victime ou pour prévenir ces actes.
Les violences gynécologiques et obstétricales : c’est quoi exactement ?
Ces violences sont avant tout les actes sexistes les plus graves qui peuvent se produire lors du suivi gynécologique et obstétrical des femmes.
🌸 Quelques explications pour bien comprendre ces actes de violence
Tout d’abord, mettons nous d’accord sur les termes.
La gynécologie, c’est quoi exactement ?
La gynécologie a pour objet le diagnostic et le traitement des maladies de l’appareil génital et du sein.
Le suivie gynécologique comprend :
- Le dépistage des cancers gynécologiques par des frottis et des mammographies en collaboration avec des radiologues
- La prise en charge du traitement de la stérilité
- La régulation des naissances (contraception ou IVG)
- Le traitement des troubles de la ménopause etc.
Et l’obstétrique qu’est ce que c’est ?
L’obstétrique est une spécialité médico-chirurgicale qui a pour objet l’étude et la prise en charge de la grossesse et de l’accouchement.
Cela comprend de nombreuses disciplines, toutes consacrées à ta santé et ton bien-être.
L’obstétricien ou la sage-femme est confronté à la surveillance de deux « patients » : toi et ton bébé.
Cette prise en charge nécessite une approche à la fois :
- Médicale
- Iconographique (échographies)
- Psychologique
- Pédiatrique (en cas de dépistage d’une maladie fœtale)
- Et parfois chirurgicale
Définition des violences gynécologiques et obstétricales
Les violences obstétricales et gynécologiques touchent à 3 dimensions : Physique, Verbale & Légale.
La violence obstétricale consiste en tout acte abusif sortant du cadre des intérêts de la patiente lors de la grossesse et/ou de l’accouchement.
C’est aussi l’absence de médicalisation quand les femmes en expriment le besoin et/ou l’envie.
Les violences gynécologiques peuvent se produire tout au long de la vie des femmes.
Les femmes et les jeunes filles peuvent se voir imposer des frottis, des touchers vaginaux, des traitements ou bien des commentaires abusifs.
Elles peuvent être mal accompagnées dans le choix d’une contraception ou même se voir en imposer une selon l’avis du praticien.
Les violences gynécologiques peuvent aussi être des examens cliniques invasifs et non consentis.
Dans ce contexte, ces examens sont faits en dehors de toute explication sur leur utilité.
Ces violences sont finalement un ensemble de gestes, de paroles et d’actes médicaux qui vont toucher à ton intégrité physique et mentale.
Lors de ces actes, tes besoins et la connaissance de ton propre corps sont niés.
De plus, ils ne sont pas toujours justifiés médicalement et s’opposent pour certains aux données et recommandations scientifiques actuelles.
Ces violences exercées par des soignant.e.s de toutes spécialités, femmes et hommes confondus, n’ont pas forcément l’intention d’être maltraitant.e.s.
Comment a-t-on commencé à parler des violences gynécologiques et obstétricales?
Il faut savoir que c’est un sujet intime qui représente des tabous dans nos sociétés, ce qui explique sans doute pourquoi il a pris tant de temps à émerger.
☑️ Au début des années 2000, des blogs ont commencé à fleurir sur le sujet des violences gynécologiques, et sur les réseaux sociaux.
☑️ Le 19 novembre 2014, le hashtag #PayeTonUtérus lancé sur Twitter a fait émerger plus de 7000 témoignages de femmes en 24h.
Ces témoignages dénonçaient des propos et des actes violents lors de leurs suivis gynécologiques ou obstétricaux.
☑️ En 2015, des documents de la Faculté de médecine de l’Université Lyon-Sud sont publiés.
Ils révèlent qu’il est attendu que les étudiant.e.s en formation pratiquent des touchers vaginaux sur des patientes « endormies », donc sans leur consentement.
Depuis, des lanceuses d’alertes ont relayé des témoignages de nombreuses maltraitances, propos sexistes et de violences lors de suivis.
Tout cela recouverts par le terme de « violences gynécologiques et obstétricales ».
Leur ampleur confirme le fait qu’il ne s’agit pas de faits isolés et appelle une prise de conscience et une action publique pour les combattre.
☑️ En 2017 la secrétaire d’État chargée de l’égalité hommes-femmes Marlène Schiappa a parlé des violences gynécologiques et obstétricales.
Elle réclame alors un rapport sur ces violences et les choses prennent un autre tournant.
Ses propos ont encore plus libéré la parole sur le sujet et ont été relayés ensuite par des milliers de femmes.
Mais est-ce que cela a forcément changé les pratiques ?
Comment le problème a-t-il évolué, les femmes ont-elles été écoutées ?
La militante féministe, Marie-Helene Lahaye a ouvert son blog, « Marie accouche là », sur les violences gynécologiques dès 2013.
Elle est depuis très consultée sur le sujet, tant par des femmes que par des obstétriciens et sages-femmes.
Au début de l’émergence du sujet, la réaction des médecins a été violente selon elle.
“Ils ont d’abord été dans le déni, et puis, ils ont fini par reconnaître que cette violence et les épisiotomies sans consentement peuvent exister.”
Mais ces personnes se sont tout de suite trouvé une excuse : le manque de moyens dans les hôpitaux !
Cependant, c’est la représentation très médicale et pathologique de l’accouchement qui a du mal à changer et représente le plus gros souci.
Selon Marie-Helene, « La représentation n’a pas changé, même si individuellement, des professionnels ont envie que cela évolue.
En fait, tout peut dépendre d’un chef de service, et de sa volonté, ou pas, de faire évoluer la pratique. »
Individuellement, de plus en plus de médecins se sont remis en question et changent de pratiques.
Les collèges de médecins, de sages-femmes, les enseignants aussi, mettent l’accent de plus en plus sur le consentement nécessaire du patient.
Quant aux femmes, elles sont aujourd’hui plus informées, et elles osent davantage dire non.
Même si les professionnels se remettent en question et que les femmes osent davantage exprimer leur non consentement il reste encore bien du chemin à parcourir.
Comment expliquer que les actes sexistes soient courants dans le suivi gynécologique et obstétrical ?
Il existe un grand nombre de raisons qui peuvent expliquer ces actes sans pour autant les justifier et voici les 3 principaux :
🌸 1 – Les suivis gynécologiques et obstétricaux sont nombreux en comparaison avec d’autres suivis médicaux
Le HCE estime qu’en moyenne, une femme va avoir 50 consultations gynécologiques et obstétricales au cours de sa vie qui comprend :
- Des frottis réguliers
- Un renouvellement de contraception
- Des interruptions volontaires de grossesse
- Des consultations pré et post accouchements
Cela augmente donc les risques de potentiels violences.
🌸 2 – Il y a une insuffisance de prise en compte du caractère particulièrement intime de ces consultations
Et cela qu’il s’agisse des :
- Sujets abordés lors des consultations (sexualité, vie de couple, maternité..)
- Gestes pratiqués : toucher des seins et du sexe, pénétration vaginale par les doigts du professionnel de santé ou des instruments
- Conditions dans lesquelles ils sont pratiqués : nudité complète le plus souvent, jambes écartées à hauteur de vue du médecin.
Ces caractéristiques du suivi gynécologique et obstétrical nécessitent une prise en charge adaptée, ce qui est insuffisamment le cas aujourd’hui.
De plus, la formation initiale et continue des professions médicales demeure centrée sur la technique et non sur la pratique.
Et cela au détriment de la relation humaine et du respect du consentement lors des suivis.
De plus, l’obligation légale d’une formation sur les violences sexistes et sexuelles reste insuffisamment déployée de nos jours.
🌸 3 – En dépit de l’augmentation de la part des femmes dans le secteur médical, le sexisme y est toujours très présent.
La répartition des spécialités reste très sexuée et les postes de décision, très majoritairement aux mains des hommes.
Les hommes représentent en effet 90% des membres du Conseil national de l’Ordre des médecins mais aussi :
- 89% des doyen.ne.s des facultés de médecine
- 74% des membres du bureau du Collège national des gynécologues et obstétriciens français
Mais cela ne veut pas dire que les hommes sont le problème et que les femmes ne peuvent pas être auteur de violences.
Il est tout simplement important que les personnes concernées, c’est-à-dire les femmes, soient représentées et prennent des décisions sur ce sujet.
Comment reconnaître des violences gynécologiques et obstétricales ?
Tu te demandes peut-être comment reconnaître ce type de violence car certains cas sont en effet moins faciles à détecter que d’autres.
Certaines femmes ne se rendent parfois même pas compte que le traitement qu’on leur a infligée sont en fait des violences, même verbales.
Les violences gynécologiques et obstétricales peuvent s’exprimer de nombreuses façons s’il·elle :
- Ne respecte pas tes demandes
- Juge ta vie, ton corps, ta sexualité ou absence de sexualité
- Juge tes choix à propos de tes soins, de ton désir ou non de grossesse
- Tient des propos moqueurs, désagréables, dégradants
- T’infantilise, ne répond pas à tes questions
- Exige que tu te déshabilles sans ton consentement
- Pratique des gestes sans ton accord
- Pratique des gestes qui sont douloureux et que cette douleur n’est pas prise en compte voire minimisée ou ridiculisée
- T’impose des prescriptions de médicaments ou d’examens
- T’empêche de choisir la contraception que tu souhaites
- Pratique du chantage pour t’imposer des examens avant de te délivrer un traitement/une contraception
- Fait des commentaires déplacés et/ou des allusions sexuelles
Dans tous ces cas (et la liste n’est pas exhaustive), tu es confronté·e·s à de la violence gynécologique.
Comment réagir face à des violences gynécologiques et/ou obstétricales ?
Il est important pour toi, si tu es victime de quelconques violence gynécologique ou obstétricale de prendre des mesures proportionnelles à la gravité de l’acte en question.
🌸 Essayer d’en parler et se poser les bonnes questions
Tu peux, si tu y arrives, exprimer ton désaccord.
Ce n’est pas parce que le·a soignant·e n’avait pas d’intention malveillante que ta gêne n’était pas justifiée.
Si tu n’y arrives pas sur le moment, ou si tu réalises seulement par la suite que le comportement du soignant n’était pas acceptable, ne culpabilises pas !
Devant une agression, il est fréquent de ne pas réaliser sur le moment ce qu’il se passe.
En plus, le respect du statut médical des soignants auquel nous sommes tou·te·s habitué·e·s peut rendre encore plus difficile une réaction directe.
À la suite d’une consultation, si tu te sens mal à l’aise ou que tu n’as pas obtenu de réponses à tes questions, essaie de décrypter la consultation.
Par exemple, en discuter avec ton entourage permet aussi de prendre du recul et d’identifier ce qui s’est mal passé.
De plus, si tu appréhendes une consultation, il est intéressant de te poser quelques questions avant puis après la consultation :
Qu’est-ce que j’attends de la consultation ?
Quelles questions est-ce que je veux poser ?
Quels examens suis-je prêt.e à faire ?
Ai-je obtenu ce que je souhaitais ?
Ai-je bien compris les explications du soignant ?
Est-ce qu’on m’a demandé mon consentement avant de m’examiner ?
🌸 Connaître les lois et tes droits
Les actes sexistes dans le suivi gynécologique et obstétrical sont encore pour la plupart malheureusement impunis.
Les associations qui accompagnent des victimes font état des difficultés rencontrées par les femmes et les couples qui souhaitent engager une procédure.
Il existe des lois qui sont censées te protéger contre les violences obstétricales et gynécologiques mais la plupart des femmes méconnaissent ces lois et leurs droits.
Voici un extrait de la loi sur le non respect du consentement libre et éclairé (Loi Koucher 2002)
Art. L. 1111-4 “ Aucun acte médical ni aucun traitement ne peut être pratiqué sans le consentement libre et éclairé de la personne et ce consentement peut être retiré à tout moment”
Cependant aucune sanction n’est clairement prévue pour son non-respect.
Et cela malgré que ce soit le problème le plus récurrent dans les violences gynécologiques.
Je t’invites à consulter le site de témoignages des violences obstétricales pour connaître les autres lois importante sur ce sujet.
🌸 Engager des procédures contre les auteurs de ces violences
Lorsque quelque chose t’as dérangé·e, ou que le·a soignant·e a été violent·e verbalement ou physiquement tu peux aussi envisager :
– D’écrire à la personne concernée pour lui exposer les faits et expliquer ce qu’il ou elle ne doit pas reproduire.
– De porter plainte auprès de l’Ordre des médecins ou des sages-femmes
– De contacter la Commission des Usagers (CDU) si la consultation a eu lieu dans un établissement de santé. Les détails sur cette saisine ici.
– De porter plainte directement en commissariat ou gendarmerie, en ligne (pour des violences verbales ou discriminations uniquement)
Pour ces démarches, tu peux te rapprocher d’une association de patient·e·s pour être conseillé·e et soutenu·e.
Comme pour toutes les formes de violences sexistes et sexuelles, le dépôt de plainte et la procédure judiciaire sont souvent synonymes de « parcours de la combattante ».
En effet, la plupart de ces procédures disciplinaires sont inadaptées de nos jours.
Pour cela, il va falloir que tu t’armes de ton courage et que tu t’entoures de personnes bienveillantes pour surmonter cette épreuve.
Quelques mots pour conclure…
Et voilà, cet article est terminé ! J’espère t’avoir apporter un maximum d’informations sur ce sujet qui est beaucoup moins “good vibes” que les autres.
Cependant, il me paraissait important de prendre le temps de t’informer sur ces actes de violences.
Finalement, que tu sois maman, future maman ou même aucune de ces deux proposition tu es avant tout une femme qui a le droit au respect.
Si tu es touchée par ce sujet et que tu veux en savoir plus, il y a un grand nombre de témoignage sur Youtube.
Attention, ces vidéos ne sont pas destinées aux plus sensibles car elles relatent des actes ou des propos très violent ce qui peut être source d’angoisse et de peur.
Si tu as d’autres questions ou un témoignage dont tu voudrais me faire part n’hésites pas à me laisser un commentaire.
Tu peux aussi consulter les autres articles de mon blog, si les sujets de la maternité ou de l’allaitement t’intéressent !
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